La mort fait partie de la vie, car la mort est le départ vers une autre vie,
ce n’est qu’un changement d’état.
Voici comment j’explique la mort à mes petits-enfants. La mort fait partie de la vie, car la mort est le départ vers une autre vie, ce n’est qu’un changement d’état. Tu vois, la neige et la glace, c’est l’état solide de l’eau, comme notre corps, mais au printemps, elles fondent et deviennent liquides et on peut alors voir l’eau dans les rivières, les lacs et les ruisseaux, on peut encore la voir tout comme nous; l’eau est vivante, elle se promène et voyage. Ensuite, vient l’été alors, là, avec la chaleur du soleil, elle s’évapore, c’est là qu’on ne la voit pas, c’est son état gazeux qui monte vers le ciel. Et pour nous, ça représente notre Esprit qui quitte notre corps pour monter vers le ciel et les étoiles. L’eau s’est évaporée pour former les nuages et un jour elle est retombée sur terre sous forme de pluie ou de neige. La mort permet à l’Esprit de retourner vers les étoiles et lorsqu’il sera prêt, il reviendra sur terre dans le corps d’un bébé pour revivre et faire d’autres belles rencontres et expériences. C’est le cycle de la vie et de la mort. Lorsque ma mère nous a quittés en juillet dernier, ce ne fut pas un drame pour eux, car ils savent que leur arrièregrand-mère est toujours là avec eux bien qu’ils ne puissent la voir, elle est avec les étoiles. Lorsque nous sommes tous assis autour d’un feu l’été, nous regardons toujours les étoiles et avons une pensée pour ma mère. De plus, mes parents ont acheté chacun une étoile, il y a de cela quelques années. Celle de ma mère porte le nom de Morna-Mona et celle de mon père Morna-André. Par contre, ma mère a deux étoiles à son nom, car une amie de ma fille, au décès de ma mère, a acheté elle aussi une étoile qui porte le nom de Mamie. C’est magique tout ça. Pendant la période de fin de vie de ma mère, j’ai beaucoup parlé avec elle de ce qu’elle voulait comme accompagnement et cérémonies. Elle a eu droit à toutes ses demandes, chants autochtones, purification avec la sauge et son bain de cèdre. Chacun de ses enfants et petits-enfants, sans oublier mon père, lui a lavé une partie de son corps avec de l’eau de cèdre et nous avions l’impression que nous la purifions et l’allégions de ses souffrances. Ce fut un moment magique pour nous d’accompagner l’Âme de ma mère vers sa nouvelle vie.
La vie de l’Âme dans son corps.
Il y a plusieurs hypothèses sur ce qu’est l’Âme, d’où elle vient, si elle a un poids, etc. Chacun peut y aller selon sa fantaisie ou sa compréhension et de là viennent toutes les façons d’en prendre soin, de la nourrir, de l’écouter, et encore plus. Une idée assez répandue est celle que l’Âme choisit de s’incarner et a besoin du corps pour faire ses expériences et grandir. Ainsi, si l’on part de cette hypothèse, notre corps est donc le véhicule de notre Âme. Ce qui me fait penser que plusieurs personnes prennent beaucoup plus soin de leur véhicule motorisé que de leur propre corps. On fait bien attention de ne pas mettre d’essence diesel dans un moteur à essence, car on aura des problèmes avec le moteur, n’est-ce pas ? Pourquoi ne fait-on pas plus attention au véhicule de notre Âme ? Est-ce que notre Âme s’encrasse autant que le moteur de notre véhicule motorisé si nous ne lui donnons pas la bonne nourriture ? On retrouve maintenant beaucoup plus de produits biologiques dans nos marchés d’alimentation qu’il y en avait il y a quelques années, alors pourquoi ne pas en consommer plus ? Ce n’est pas vraiment plus dispendieux, et je vous invite à comparer le prix des légumes non biologiques à ceux qui sont certifiés biologiques et vous serez certainement agréablement surpris en découvrant qu’il est sensiblement le même, mais que le produit est de combien plus délicieux; sans compter que vous goûterez peut-être la différence. De plus, votre moteur s’en sentira mieux, c’est déjà un début, n’est-ce pas ?
DONNER ET PAR… DONNER, VOILÀ CE QUI ALLÈGE NOTRE ÂME
La nourriture de l’Âme ? Où peut-on la trouver ?
Pour ma part, je la retrouve dans la nature. Un jour, dans les bois, on m’a dit que dans la nature, c’est le chaos, aucune plante ne dit à une autre de ne pas pousser là parce qu’elle fera de l’ombre à l’autre ou de se tasser afin d’avoir plus de lumière, non, tous se respectent et s’adaptent. C’est là que l’on retrouve la paix totale. Nous, les hommes, avec nos règles et notre contrôle, nous voulons mettre de l’ordre, mais nous créons le un vrai chaos. Et c’est souvent la folie qui nous entoure, puis nous vivons beaucoup de stress et cela nous éloigne de notre Âme. La nature et le retour aux sources, le retour à la tradition de mes ancêtres, nourrissent mon Âme. Mon peuple croit que tout ce qui vit possède une Âme et je le crois aussi. Nous ne sommes qu’un, avec tout ce qui vit sur notre Mère la Terre. Par l’une de nos belles cérémonies, la « Sweat Lodge » ou la tente de sudation comme on le dit en français, je peux prendre contact avec mon Âme, l’écouter, chanter avec elle, pleurer avec elle, lui donner une voix afin qu’elle me montre MA Voie. Comme cette cérémonie se déroule dans l’obscurité, cela m’amène à être à l’écoute, à l’écoute d’elle, mais aussi d’être plus près de l’Âme des autres participants; c’est du moins comme ça que, moi, je vis cette cérémonie, vieille de plusieurs siècles. Pour moi, c’est la rencontre de plusieurs Âmes qui s’unissent afin de partager et de prier, par le chant, ensemble.
Si un jour il vous est donné de participer à une Sweat Lodge, j’espère que vous aussi vous ferez l’expérience d’un voyage extraordinaire à l’intérieur de vous et que vous rencontrerez votre Âme et que vous l’écouterez, car elle a de bien belles choses à vous partager, et cela sans frais, car les cérémonies de mes ancêtres ne se vendent pas; vous donnez ce que vous pouvez, vous faites un don, c’est ça la vraie façon de faire de mon peuple, partager, échanger. Donner et par… donner, voilà ce qui allège notre Âme. Qui sait, est-ce nous qui nourrissons notre Âme pour la faire grandir ou est-ce elle qui nous enseigne et nous fait grandir ? Pour ce qui est des signes que l’on peut percevoir de la présence de l’Esprit/Âme des personnes qui ont fait le grand voyage, il faut garder notre pensée ouverte à ceux-ci. Ma mère m’a promis qu’elle ferait tout, si cela lui était possible, afin de me faire signe qu’elle allait bien et qu’elle était là avec moi. J’ai pensé qu’elle viendrait sous le signe de la libellule grâce à cette légende :
Si un jour il vous est donné de participer à une Sweat Lodge, j’espère que vous aussi vous ferez l’expérience d’un voyage extraordinaire à l’intérieur de vous et que vous rencontrerez votre Âme et que vous l’écouterez, car elle a de bien belles choses à vous partager, et cela sans frais, car les cérémonies de mes ancêtres ne se vendent pas; vous donnez ce que vous pouvez, vous faites un don, c’est ça la vraie façon de faire de mon peuple, partager, échanger. Donner et par… donner, voilà ce qui allège notre Âme. Qui sait, est-ce nous qui nourrissons notre Âme pour la faire grandir ou est-ce elle qui nous enseigne et nous fait grandir ? Pour ce qui est des signes que l’on peut percevoir de la présence de l’Esprit/Âme des personnes qui ont fait le grand voyage, il faut garder notre pensée ouverte à ceux-ci. Ma mère m’a promis qu’elle ferait tout, si cela lui était possible, afin de me faire signe qu’elle allait bien et qu’elle était là avec moi. J’ai pensé qu’elle viendrait sous le signe de la libellule grâce à cette légende :
Au fond d’un vieux marécage vivaient quelques larves qui ne pouvaient comprendre pourquoi nul du groupe ne revenait après avoir rampé le long des tiges de lys jusqu’à la surface de l’eau. Elles se promirent l’une à l’autre que la prochaine qui serait appelée à monter reviendrait dire aux autres ce qui lui était arrivé. Bientôt, l’une se sentit poussée de façon irrésistible à gagner la surface; elle se reposa au sommet d’une feuille de lys et subit une magnifique transformation qui fit d’elle une libellule avec de jolies ailes. Elle essaya en vain de tenir sa promesse. Volant d’un bout à l’autre du marais, elle voyait bien ses amies en bas. Alors, elle comprit que même si elles avaient pu la voir, elles n’auraient pas reconnu comme une des leurs une créature si radieuse.
Eh bien non, ma mère n’a pas choisi la libellule pour nous faire signe, elle a choisi le MONArque. Quelques secondes après son dernier souffle, un gros papillon monarque est venu à la fenêtre de sa chambre, nous avons tous été surpris de voir un si gros papillon alors que nous n’en voyons plus depuis des années, mais nous n’avons pas compris ni même pensé que cela pouvait être le signe de ma mère. Au cimetière, pendant que nous priions pour son âme, un gros papillon monarque est venu se poser sur ma tête et celle de deux de mes filles, et là nous avons commencé à croire que c’était ma mère, qui se prénomme Mona. Le lendemain, je suis partie avec quelques membres de ma famille nous reposer à notre camping et, comme j’étais allongée sur une chaise, à la suite d’un accident qui ne me permettait qu’une mobilité très réduite, un gros papillon monarque est venu se poser sur ma joue à quelques reprises comme s’il m’embrassait. Tout le monde s’est mis à dire tout haut : « Wow c’est Mamie, c’est certain, elle est venue te donner des bisous pour te dire que tout était correct. » Et là, j’ai fait le lien entre ma mère et le papillon MONArque. Plusieurs personnes peuvent mettre en doute ce que nous avons vécu, ma famille et moi. Mais pour nous, il n’y a pas d’autre explication, car lorsque nous avons fêté le 67e anniversaire de mariage de mes parents quelques jours après, l’arbre dans la cour de mon père était rempli de papillons monarques et de Belle Dame, une autre sorte de papillon, et c’est ce que ma mère était : une Belle Dame. Tout est cycle : le soleil et la lune qui se lèvent et se couchent chaque jour, les graines qui deviennent plantes, donnent des fruits et redonnent des semences, etc. La vie sur terre de tout être vivant est toujours en mouvement et passe par des cycles, tout comme nous. Ma mère disait, « l’on naît pour mourir », et j’ajouterais que pour mourir dans la légèreté, allégeons notre âme pendant notre incarnation et gardons l’œil et les oreilles ouverts aux signes de notre vie après notre passage ici-bas.